Vers le Net Zéro dans l’industrie laitière québécoise

Lors de notre dernier congrès, nous avons été rejoints par McKinsey & Compagnie, qui a partagé ses aperçus sur la manière dont l’industrie laitière peut atteindre le net zéro. Voici quelques éléments à retenir de leur présentation.

Au Canada, le secteur laitier est un important émetteur de gaz à effet de serre (GES). Ses émissions ont diminué ces dernières années, mais leur trajectoire actuelle ne permettra pas d’atteindre le Net Zéro fixé par les accords de Paris d’ici 2050. Pour arriver à cet objectif, la filière laitière devrait réduire les GES de 35 % d’ici à 2030[1]. Plusieurs transformateurs laitiers domestiques et internationaux ont déjà pris de tels engagements.

Les transformateurs font face à trois types de pressions : celle des consommateurs, celle des investisseurs ou encore celle des autorités publiques.

  • Le thème du développement durable est un critère prioritaire d’achats pour 33 %[2] des consommateurs canadiens de produits laitiers ou alternatives végétales — de façon exclusive, ou consommateurs des deux. Parmi ces consommateurs, 7 % à 18 % se déclarent prêts à payer 10 % de plus pour de tels produits[2];
  • Les critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) deviennent de plus en plus importants pour les investisseurs dans la gestion de leurs portefeuilles d’actifs : 10 % des actifs mondiaux sous gestion sont dans des fonds ESG[3] qui affichent une surperformance de 4x par rapport à leurs équivalents européens de marché[4];
  • Les objectifs de réduction des GES fixés par les autorités publiques canadiennes sont à ce jour peu contraignants dans le secteur agricole, mais ils pourraient le devenir à l’image d’autres secteurs (comme le secteur pétrolier). Il existe déjà des exemples d’autres pays ou états (Pays Bas, Californie) qui ont instauré des obligations de résultat pour la décarbonation de leur secteur agricole.

À l’échelle internationale, le Canada émet peu de GES par litre de lait produit, avec seulement 0,95 kg/L CO2e[5], performance principalement due à la productivité des vaches laitières (10 t/an/vache[6]). Si 87 %[5] de ces émissions viennent des fermes, c’est sur l’ensemble de la chaîne de transformation qu’il faudra agir pour décarboner complètement la filière laitière, profitant ainsi des synergies entre puits de carbone et sources de GES.

Les producteurs disposent de solutions pour réduire les émissions de manière importante, comme les additifs de ration, l’agriculture régénérative, ou l’utilisation de biogaz. De nombreuses expériences se font actuellement aux quatre coins du Québec pour tester la faisabilité technico-économique de ces solutions avant d’envisager leur adoption.

Une enquête auprès des transformateurs laitiers québécois a révélé que :

  • Les transformateurs agissent à leur initiative (faibles pressions réglementaires ou financières, peu d’aides) en développant des projets sans attendre la rentabilité économique pour les plus ambitieux ;
  • Mais les transformateurs soulignent le manque de moyens humains techniques vu la complexité des projets et la nécessité d’une approche filière (producteurs-transformateurs) pour avoir une bonne communication et maximiser l’impact de la décarbonation.

C’est seulement en abordant la filière dans son toute sa verticalité que l’industrie laitière québécoise pourra ainsi atteindre la carboneutralité d’ici 2050 et s’assurer que la performance développement durable des produits laitiers atteindra l’excellence de leurs qualités nutritives et gustatives.

Pour plus de renseignements, veuillez contacter Ludovic Meilhac à ludovic_meilhac@mckinsey.com.

[1] UN Food & Agriculture Organization

[2] Étude McKinsey « Consumer Survey 2022 »

[3] Bloomberg, prévisions ESG 2022

[4] European Securities and Markets Authority, The drivers of the costs and performance of ESG funds

[5] Agriculture and Agri-Food Canada, Carbon footprint of Canadian dairy products

[6] IFCN Dairy