Diagnostic sectoriel du MAPAQ

Le 3 juin dernier avait lieu l’évaluation périodique du Plan conjoint des Producteurs de lait du Québec (PLQ). Lors de ces évaluations ayant lieu tous les cinq ans devant la Régie des marchés agricoles et alimentaires du Québec (RMAAQ), les PLQ font un bilan de l’application du plan conjoint dont ils sont responsables et font état de leurs accomplissements des cinq dernières années. Lors de cette même audience, les autres acteurs de l’industrie émettent leurs observations afin d’offrir à la Régie une vue d’ensemble sur les interventions des PLQ dans l’application du plan conjoint et la mise en marché du lait. Le CILQ est bien évidemment toujours présent lors de ces évaluations et profite de cette tribune pour transmettre au RMAAQ son point de vue. Cette audience est également une occasion pour le CILQ de sensibiliser la Régie sur les enjeux du secteur de la transformation laitière. À la suite de l’audience, la RMAAQ rédige un rapport d’évaluation et soumet des recommandations qui guideront les PLQ dans leurs actions des 5 prochaines années.  

Dans le cadre de cette évaluation périodique, le MAPAQ présente également un portrait-diagnostic sectoriel de l’industrie laitière. Ce portrait détaillé du secteur laitier québécois est remis aux participants de l’exercice en amont de l’audience afin que ceux-ci puissent en tenir compte dans leur mémoire et dans leur présentation.

Voici un résumé des principaux éléments de ce diagnostic sectoriel ⬇️

Consommation de produits laitiers

Au niveau de la consommation de produits laitiers, le portrait sectoriel démontre une diminution de la consommation moyenne de produit laitier pour la période 2019-2023. Durant cette période, la consommation a d’abord été en légère hausse de 2019 et 2021, pour ensuite diminuer de manière significative à partir de 2022. Cette diminution pourrait être expliquée par la forte inflation alimentaire ayant eu lieu lors de la même période. Malgré cette diminution, certains produits se sont tout de même démarqués. Nous remarquons effectivement une augmentation des ventes pour la crème (+11 %), pour le yogourt (+7 %) ainsi que pour les laits 2 % (+3 %) et 3,25 % (+5 %).  

Malgré la période de forte inflation que nous avons connue dans les dernières années, la protéine laitière est la protéine qui a connu la moins grande augmentation des prix à la consommation (+17 %) depuis 2014. À titre de comparatif, le prix à la consommation de la volaille a augmenté de 45 % et celui de la viande rouge de 42 %. 

Secteur de la transformation 

Lors de la période 2019-2023, le Québec a connu une croissance de ses livraisons manufacturières de 4,3 %. Malgré cette hausse, la part des livraisons de produits laitiers du Québec au sein du Canada a quant à elle diminué d’un point de pourcentage pour s’établir à 37 %. En contrepartie, la part de l’Ontario a augmenté de trois points de pourcentage pour s’établir à 39 %. 

Un constat similaire peut être fait au niveau de la productivité des entreprises québécoises, en comparaison à celles ontariennes. En effet, pour chaque heure travaillée, l’Ontario génère 20 $ de plus que les entreprises québécoises. Au cours des 10 dernières années, la productivité québécoise a été historiquement inférieure à celle de l’Ontario, mais l’écart s’est grandement accentué à partir de 2022 et 2023. 

Finalement, selon le portrait du MAPAQ, la marge bénéficiaire des transformateurs québécois a diminué d’un point de pourcentage, passant de 9 % lors de la période 2014-18 à 8 % lors de la période 2019-23. Lorsque l’on compare la marge bénéficiaire des transformateurs sn Ontario et ceux du Québec pour la période 2019-23, les transformateurs ontariens ont une marge de 11 points de pourcentage plus grand que celle de leurs homologues du Québec (19 % versus 8 %).  

Secteur de la production 

Le Québec est la plus importante province productrice de lait au Canada. En 2023, le Québec a produit 37 % de la matière grasse au sein du Canada. Toutefois, malgré que la production québécoise soit la plus importante au pays, cette dernière a diminué de 0,7 % depuis 2014.  

Dans les 10 dernières années, la production a connu une croissance de 2 % annuellement de matière grasse. Quant à la production du volume de lait, celle-ci a connu une augmentation supérieure à celle du Canada (+1,2 % versus +1 %) durant la période 2019-23. Une partie de l’augmentation de la production est attribuable à l’augmentation de la productivité des vaches. 

La diminution du nombre de fermes s’est quant à elle poursuivie lors de la période 2019-23. Le MAPAQ illustre que le nombre de fermes au Québec a diminué de 11 % durant cette période. Au niveau canadien, la diminution était de 8,9 %. Lorsque l’on compare à la période 2014-18, il y a tout de même eu un ralentissement de la diminution du nombre de fermes dans la dernière période quinquennale. De plus, malgré la diminution du nombre de fermes, le nombre de vaches laitières est demeuré stable. Cela indique que la taille des fermes a augmenté. Malgré cette hausse, la taille moyenne des fermes laitières québécoises demeure inférieure à la moyenne canadienne. 

Un autre élément présenté par le MAPAQ est le taux d’endettement des fermes. Il a été relevé à cet égard que les fermes laitières québécoises sont celles avec le plus haut taux d’endettement (37,4 %) au pays. Depuis les 10 dernières années, le taux d’endettement au Québec a continuellement augmenté tandis qu’on remarque une importante diminution en Ontario dans les dernières années. Également, les producteurs de l’Ontario ont des actifs largement supérieurs à ceux du Québec (8,8 M$ versus 5,7 M$).  

Constats du CILQ

À la lecture du diagnostic, le CILQ constate que le secteur laitier québécois fait face à de nombreux défis. Les éléments mis en lumière par le MAPAQ ont aidé le CILQ dans l’élaboration de son mémoire dans le cadre de l’évaluation périodique afin d’en arriver avec des demandes pour améliorer la compétitivité des transformateurs laitiers québécois. Le CILQ compte effectivement prendre les actions nécessaires afin d’accroitre la compétitivité et la pérennité des transformateurs laitiers québécois dans les prochaines années. Les négociations nationales qui débuteront au cours des prochains mois sont d’ailleurs très attendues par le CILQ puisque certains importants enjeux pourront y être abordés.