L’ACÉUM est officiellement entrée en vigueur le 1 juillet dernier. Les producteurs et les transformateurs laitiers du Canada ont dû réformer le système laitier canadien afin qu’il soit conforme aux exigences du nouvel Accord Canada-États-Unis-Mexique. Les travaux ont monopolisé les principaux intervenants du secteur laitier, dont le CILQ, une bonne partie de l’hiver 2020 et tout le printemps suivant. Ces réformes ont visé l’élimination de la classe 7, la mise en place d’une nouvelle référence pour l’établissement des solides non gras (SNG) utilisés comme ingrédients laitiers dans la fabrication de différents produits laitiers, le développement d’un nouveau système de paiement du lait conforme à l’ACÉUM et une nouvelle approche de suivi des transactions d’ingrédients laitiers secs qui permettrait d’assurer le respect des termes de l’ACÉUM. Cette réforme en profondeur du système laitier canadien a également touché d’autres éléments mineurs liés au mécanisme de fixation des prix du lait. Tous ces changements ont modifié substantiellement les pratiques de paiement du lait des entreprises québécoises et canadiennes. Le CILQ a d’ailleurs organisé pour ses membres 3 sessions de formation en juin dernier qui ont connues un franc succès.
Cet accord trilatéral a également obligé la Commission canadienne du lait à remettre sur pied un programme de type 4m pour l’alimentation animale afin de palier les restrictions à l’exportation de poudre de lait écrémé et de concentré de protéine laitière imposées par l’ACÉUM. Les exportations canadiennes de ces produits laitiers sont maintenant plafonnées et des pénalités sont prévues si le Canada excède, sur une base annuelle, les niveaux d’exportations prescrit dans l’ACÉUM. Ces restrictions supplémentaires hypothèqueront sérieusement les capacités du Canada d’exporter ses surplus structurels de SNG pour l’avenir et peuvent, potentiellement, mettre à risque le bon fonctionnement du système laitier au Canada. Les intervenants du secteur laitier devront, en conséquence, développer de nouvelles applications ou de nouveaux marchés pour tenter d’écouler ces surplus structurels. Quelques initiatives sont actuellement en cours au Québec, dont une entre Novalait et le CRIBIQ, pour tenter de stimuler le développement de nouveaux débouchés pour ces surplus. Espérons que ces initiatives permettront au secteur laitier de résoudre une partie de cet épineux problème.
Malgré les efforts que les représentants des producteurs et des transformateurs investissent pour adapter le secteur laitier canadien aux nouvelles exigences de l’ACÉUM, nos partenaires américains doutent de la bonne foi du Canada. À peine deux mois après l’entrée en vigueur de l’accord, les États-Unis ont déjà commencé à exprimer des préoccupations à l’égard de la fidélité du Canada envers l’accord.
Le 13 août, 114 membres de la Chambre des représentants ont écrit une lettre au représentant américain au commerce, Robert Lighthizer, et au secrétaire à l’Agriculture, Sonny Perdue, pour demander l’utilisation rapide des mesures de consultation et d’application de l’accord afin d’assurer une mise en œuvre fidèle des dispositions de l’Accord par les partenaires commerciaux, en particulier le Canada. Les américains visent particulièrement les mesures mises en œuvre au Canada pour éliminer la classe 7 et l’administration des contingents tarifaires. Selon ces derniers, l’administration américaine devrait y porter une attention particulière. Le Mexique a également été pointé du doigt relativement aux termes couramment utilisés au niveau du fromage. Le 25 août, vingt-cinq sénateurs américains ont signé une lettre similaire à l’USTR et au Secrétaire à l’Agriculture. Le dossier laitier canadien semble être encore d’actualité chez nos voisins du sud. À suivre.